L’année 2024 a été marquée par une intensification sans précédent des cybermenaces, illustrant la sophistication croissante des attaques et leur impact majeur sur les entreprises et les institutions. En France, les grands distributeurs, les infrastructures critiques et même des événements internationaux comme les Jeux Olympiques de Paris ont été ciblés, mettant en lumière les vulnérabilités persistantes et la nécessité de stratégies de défense plus robustes. 

Dans ce contexte complexe, les entreprises et les organisations publiques ont dû faire face à des défis multiples : répondre à des attaques toujours plus innovantes, se conformer à des régulations européennes renforcées comme NIS2 et DORA, et s’adapter à un paysage numérique en constante évolution marqué par l’essor de l’intelligence artificielle et des objets connectés. 

Alors que 2025 s’annonce tout aussi exigeante, cet article propose une rétrospective des faits marquants de 2024 et met en lumière les grandes tendances à anticiper pour l’année à venir. Quelles leçons tirer des incidents passés ? Comment se préparer aux défis émergents tout en naviguant dans un cadre réglementaire en transformation ? La cybersécurité ne se contente plus de répondre aux menaces : elle doit désormais s’inscrire dans une stratégie proactive et résiliente. 

Rétrospective 2024 du marché cyber 

L’année 2024 a été une période charnière pour la cybersécurité en France. Avec une augmentation notable des cyberattaques ciblant à la fois les infrastructures critiques, les entreprises et les citoyens, les enjeux liés à la protection des données et à la résilience des systèmes d’information n’ont jamais été aussi cruciaux.  

Les enjeux majeurs de 2024 

L’augmentation des attaques sophistiquées

L’année 2024 a vu une multiplication des attaques par ransomware, des attaques ciblées sur les chaînes d’approvisionnement et une exploitation accrue des vulnérabilités des logiciels tiers. Les cybercriminels ont adopté des techniques de plus en plus sophistiquées, utilisant notamment des intelligences artificielles génératives pour automatiser leurs campagnes de phishing et contourner les systèmes de détection. 

La protection des infrastructures critiques

Les infrastructures critiques, notamment dans les secteurs de l’énergie, des transports et de la santé, ont été des cibles privilégiées. La menace d’attaques paralysant ces systèmes a renforcé la nécessité d’une coopération étroite entre le gouvernement et le secteur privé. 

La souveraineté numérique

La France a continué à investir dans sa souveraineté numérique, avec des projets visant à réduire sa dépendance vis-à-vis des solutions étrangères, notamment dans les domaines du cloud et des technologies de cybersécurité. 

La sensibilisation accrue des citoyens

Avec la montée des fraudes en ligne et des vols d’identité, 2024 a également marqué une intensification des campagnes de sensibilisation visant à protéger les citoyens contre les cybermenaces. 

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Les cyberattaques marquantes 

Viamedis et Almerys

En janvier 2024, une cyberattaque majeure a frappé les prestataires de services de santé Viamedis et Almerys, compromettant les données personnelles de plus de 30 millions de Français. Cette attaque a exposé des informations sensibles, notamment des numéros de Sécurité sociale, ravivant les inquiétudes quant à la protection des données médicales en France. Cet incident a mis en lumière les failles de sécurité dans les infrastructures numériques liées à la santé et l’urgence de renforcer leur protection face à des menaces croissantes. 

France Travail (anciennement Pôle emploi)

En février 2024, France Travail, nouvellement renommé, a subi une cyberattaque massive qui a mis en danger les informations personnelles de 43 millions d’usagers. Les données exposées, comprenant des adresses et des informations professionnelles, ont créé un risque accru de phishing et d’usurpation d’identité. Cet événement a suscité des débats sur la nécessité pour les services publics d’investir davantage dans des systèmes de cybersécurité robustes pour protéger les citoyens. 

Jeux Olympiques de Paris

Les Jeux Olympiques, tenus en été 2024, ont été la cible de multiples cyberattaques visant les systèmes de billetterie, de transport et de communication. Bien que la plupart de ces tentatives aient été déjouées grâce à une préparation rigoureuse, elles ont souligné la nécessité d’une vigilance constante lors de grands événements internationaux. 

SFR, Boulanger et Cultura, ainsi que le journal « Libération »

L’année 2024 a également été marquée par des cyberattaques touchant divers secteurs en France. En juin, SFR a été victime d’une intrusion compromettant les données de 1,4 million de clients, suivie en août par une autre attaque touchant 50 000 abonnés supplémentaires. En septembre, les enseignes Boulanger et Cultura ont vu les données personnelles de nombreux clients, incluant adresses email et numéros de téléphone, fuiter après une attaque coordonnée. Enfin, en octobre, le journal « Libération » a subi un rançongiciel qui a perturbé ses opérations, bien que les données sensibles des abonnés et des journalistes aient été épargnées. Ces incidents ont illustré la diversité des cibles et des impacts des cybermenaces actuelles. 

Tendances 2025  

L’année 2024 s’achève dans une atmosphère pesante sur les plans politique, économique, et numérique. Une série de cyberattaques d’envergure a frappé les grands distributeurs français à un rythme alarmant. Quels enseignements tirer pour anticiper 2025 et mieux contrer l’ingéniosité croissante des cybercriminels ? 

Entre l’essor de l’intelligence artificielle, la prolifération des objets connectés, l’entrée en vigueur de nouvelles régulations comme NIS2 et DORA, les entreprises seront confrontées à des défis majeurs en matière de cybersécurité. Identifier les tendances clés et s’y préparer sera essentiel pour sécuriser les environnements numériques dans les mois à venir. 

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Zero Trust : une approche incontournable pour une cybersécurité renforcée 

Le modèle Zero Trust s’impose plus que jamais comme une stratégie phare pour 2025. En exigeant une vérification stricte de chaque utilisateur et appareil, quel que soit leur emplacement ou leur niveau d’autorisation, cette approche permet de limiter les mouvements latéraux et de contenir les menaces dans un contexte où les environnements IT deviennent de plus en plus complexes (cloud hybride, télétravail, BYOD). Les entreprises devront investir dans des outils d’authentification forte, de segmentation réseau et de gestion d’identité, tout en favorisant une culture organisationnelle axée sur la vigilance et la sécurité. 

Menaces liées aux IoT : un horizon de vulnérabilités croissant 

Avec l’explosion des objets connectés (IoT) dans des secteurs aussi variés que l’industrie, la santé, ou les infrastructures critiques, la surface d’attaque s’élargit considérablement. En 2025, les cybercriminels exploiteront encore davantage les faiblesses de ces dispositifs souvent mal sécurisés, à travers des malwares spécialisés comme les botnets ou les ransomwares IoT. Pour atténuer ces risques, les entreprises devront adopter une approche de sécurité dès la conception (Security by Design) et mettre en œuvre des protocoles robustes de chiffrement et d’authentification. 

Intelligence artificielle : atout ou menace dans la lutte cyber ? 

L’intelligence artificielle jouera un rôle clé en 2025, tant pour renforcer les défenses que pour amplifier les attaques. Les solutions d’IA prédictive peuvent détecter des menaces potentielles avant leur apparition, tandis que les attaquants exploitent l’IA générative pour créer des malwares polymorphes ou perfectionner leurs campagnes de phishing. Dans ce contexte, les entreprises devront s’appuyer sur des outils d’IA éthique et protéger leurs algorithmes contre les manipulations malveillantes, tout en tirant parti de ces technologies pour renforcer leur posture défensive. 

Le facteur humain : toujours la première ligne de défense 

Malgré les avancées technologiques, l’humain reste une des cibles principales des cyberattaques. En 2025, les techniques d’ingénierie sociale, telles que le phishing et les compromissions d’emails professionnels (BEC), continueront de proliférer. La clé pour atténuer ces risques réside dans des programmes de formation continue, des simulations régulières et un engagement accru des collaborateurs en faveur des bonnes pratiques de sécurité. Transformer chaque employé en un acteur vigilant et informé renforcera significativement la résilience organisationnelle. 

Cybersécurité et assurances : des exigences en hausse 

Face à l’augmentation des cyberincidents et des indemnisations record, les primes de cyberassurance connaissent une flambée. En 2025, les assureurs seront de plus en plus exigeants quant à la posture de sécurité des entreprises avant d’accorder une couverture ou de définir leurs tarifs. Les organisations devront mener des audits approfondis, investir dans des solutions de gestion des risques et démontrer leur capacité à limiter les vulnérabilités. Cette évolution, bien qu’elle alourdisse les contraintes financières, pourrait inciter les entreprises à adopter des normes de sécurité plus rigoureuses. 

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NIS2 et DORA : un nouveau cadre réglementaire pour la résilience numérique 

En 2024, l’Union européenne a renforcé son arsenal réglementaire avec l’entrée en vigueur des directives NIS2 et DORA, qui redéfinissent les standards de cybersécurité et de résilience dans les secteurs critiques et financiers. 

NIS2 : un socle renforcé pour les infrastructures critiques

La directive NIS2 élargit son champ d’application en incluant davantage d’entités critiques, telles que les secteurs de l’énergie, des transports, de la santé et des infrastructures numériques. Elle impose des exigences strictes en matière de gestion des risques, de notification des incidents et de gouvernance. Les entreprises concernées devront mettre en œuvre des politiques de cybersécurité robustes, réaliser des audits réguliers et s’assurer de la conformité à des standards harmonisés au niveau européen. 

En 2025, cette directive poussera les entreprises à renforcer leur résilience face à des menaces croissantes et à collaborer étroitement avec les autorités pour partager les informations sur les incidents. 

DORA : sécuriser le secteur financier

Le Digital Operational Resilience Act (DORA) cible spécifiquement les institutions financières, exigeant une résilience opérationnelle numérique accrue. En 2025, les banques, assurances et autres acteurs du secteur devront démontrer leur capacité à résister aux perturbations numériques, notamment via des tests réguliers de cybersécurité et une gestion rigoureuse des tiers. 

DORA impose également des obligations claires pour les prestataires de services essentiels, comme les fournisseurs de cloud ou de services IT, qui seront soumis à des contrôles renforcés. Ce cadre vise à garantir une continuité des services financiers dans un environnement numérique de plus en plus interconnecté et complexe. 

Ces réglementations, bien qu’exigeantes, offrent une opportunité unique pour les entreprises d’améliorer leur posture de sécurité. En intégrant les principes de NIS2 et DORA dans leur stratégie, elles pourront non seulement se conformer aux nouvelles exigences légales, mais également renforcer leur résilience face aux cybermenaces émergentes. 

 

Cette rétrospective et les projections pour 2025 montrent clairement que la cybersécurité est plus qu’une question technologique : elle devient un enjeu stratégique, organisationnel et réglementaire. Une anticipation rigoureuse et des investissements ciblés seront cruciaux pour protéger les entreprises et les infrastructures critiques dans un monde de plus en plus interconnecté. 

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