Le détournement de session, ou hijacking, constitue une cybermenace exploitant une faille dans l’authentification d’un utilisateur afin d’usurper son accès. En capturant un identifiant de session valide, un attaquant infiltre des espaces numériques protégés, compromettant ainsi des données sensibles, des infrastructures informatiques et des services connectés, à l’insu du propriétaire légitime. 

Cette manipulation s’appuie sur plusieurs méthodes, allant de l’interception de flux non chiffrés à l’injection de scripts malveillants en passant par l’exploitation de failles applicatives. L’essor du cloud et l’omniprésence des plateformes en ligne amplifient l’impact de cette menace, transformant la sécurisation des sessions en enjeu critique pour les entreprises comme pour les particuliers.

Comment fonctionne le hijacking ou détournement de sessions ? 

Le détournement de session consiste à s’approprier illicitement un accès à une plateforme sans intercepter ni décrypter les identifiants de connexion. Lorsqu’un utilisateur s’authentifie sur un service en ligne, le serveur établit une session active pour éviter de solliciter continuellement son identifiant et son mot de passe. Pour maintenir cette connexion, un identifiant unique, généralement un cookie de session ou un Bearer token, lui est attribué. Stocké dans son navigateur, cet identifiant est systématiquement transmis au serveur lors de chaque interaction afin d’associer la requête à la session en cours.

Véritable clé d’accès aux fonctionnalités et aux données d’un compte, il devient une cible privilégiée pour les cybercriminels, qui cherchent à s’en emparer pour se faire passer pour l’utilisateur légitime. L’attaque peut s’opérer par injection de scripts intersites, où une faille dans l’application web permet d’exécuter du code malveillant capturant l’identifiant de session, par interception de paquets sur des réseaux non sécurisés exposant des données transmises en clair, ou encore par fixation de session, une manipulation où l’attaquant impose un identifiant prédéfini à la victime avant qu’elle ne s’authentifie, lui offrant ainsi un accès immédiat à son compte.

Une fois l’identifiant compromis, l’assaillant peut naviguer librement sur la plateforme sans déclencher d’alerte, accédant aux données sensibles, exécutant des transactions frauduleuses, exfiltrant des informations confidentielles ou propageant du code malveillant.

Des incidents notables, comme le Zoombombing durant la pandémie, où des individus non autorisés ont infiltré des réunions privées, la faille Slack de 2019 facilitant le vol de cookies de session et compromettant des espaces collaboratifs, ou encore l’exposition des jetons GitLab en 2017 via les URL, illustrent l’ampleur de cette menace.

Face à cette sophistication croissante des attaques, la sécurisation des sessions impose un chiffrement systématique des échanges, une rotation régulière des identifiants, une gestion stricte des permissions et une surveillance proactive des comportements anormaux pour limiter les risques d’usurpation.

Quels sont les différents types de détournement de session ? 

Les cyberattaques exploitent des failles structurelles, des erreurs humaines et des vulnérabilités logicielles pour infiltrer, manipuler ou neutraliser des systèmes numériques. Parmi les tactiques les plus insidieuses, le hijacking se décline en multiples formes, chacune visant un maillon stratégique de l’écosystème numérique.

1. Session Hijacking (détournement de session)

L’attaquant prend le contrôle d’une session utilisateur active en exploitant des vulnérabilités réseau ou applicatives.

  • Hijacking actif : l’assaillant interrompt la communication et s’infiltre directement dans la session de l’utilisateur légitime.
  • Hijacking passif : surveillance clandestine d’une session en cours pour capter des informations sans intervenir directement.
  • Fixation de session (Session Fixation Hijacking) : attribution forcée d’un identifiant de session à la victime avant son authentification.
  • Reniflage de session (Session Sniffing) : capture des identifiants de session en interceptant les paquets réseau non chiffrés.
  • Attaque par force brute sur l’ID de session : deviner ou générer systématiquement des identifiants de session mal sécurisés.
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2. Cross-Site Hijacking (détournement via site web)

Exploitation des failles applicatives pour injecter du code malveillant et compromettre les utilisateurs.

  • Cross-Site Scripting (XSS Hijacking) : insertion de scripts malveillants dans une page web pour voler des informations ou exécuter des actions à l’insu de la victime.
  • In-session Phishing Hijacking : présentation d’une fausse fenêtre d’authentification dans une session en cours pour dérober des identifiants.

3. Browser Hijacking (détournement de navigateur)

L’attaquant manipule le comportement du navigateur pour forcer la victime à utiliser des services frauduleux.

  • Toolbar Hijacking : installation forcée de barres d’outils malveillantes modifiant l’affichage et le comportement du navigateur.
  • Search Hijacking : redirection des requêtes vers des moteurs de recherche frauduleux manipulant les résultats.
  • DNS Hijacking : modification des paramètres DNS pour détourner le trafic vers des sites usurpateurs.
  • Homepage Hijacking : imposition d’une page d’accueil contrôlée par l’attaquant pour capturer des interactions.

4. Email Hijacking (détournement de messagerie)

Un cybercriminel prend le contrôle d’un compte email pour manipuler les échanges et intercepter des données sensibles.

  • Credential Hijacking : vol des identifiants de messagerie via des attaques par force brute, phishing ou malwares.
  • Business Email Hijacking (BEC) : usurpation d’un compte professionnel pour réaliser des fraudes aux paiements.
  • Email Spoofing Hijacking : falsification de l’adresse de l’expéditeur pour tromper la victime et la pousser à exécuter une action.

5. Ad Hijacking (détournement publicitaire)

Exploitation des plateformes publicitaires pour rediriger le trafic ou détourner des revenus.

  • Click Hijacking : capture des clics destinés à des annonces légitimes pour générer des revenus frauduleux ou rediriger vers des sites malveillants.
  • Ad Injection Hijacking : superposition de publicités frauduleuses sur un site pour tromper les visiteurs.
  • Malvertising Hijacking : diffusion de logiciels malveillants à travers des bannières publicitaires contaminées.

6. Call Hijacking (détournement d’appels)

Compromission des infrastructures de communication pour espionner ou rediriger des appels.

  • VoIP Hijacking : interception des appels VoIP (Skype, WhatsApp, Zoom) en exploitant des failles réseau.
  • SIM Hijacking (SIM Swapping) : le SIM swapping permet le transfert frauduleux du numéro de téléphone de la victime vers une nouvelle carte SIM contrôlée par l’attaquant.

7. Clickjacking (détournement d’actions utilisateur)

Un élément invisible masque une interface légitime, incitant la victime à réaliser des actions involontaires.

  • Like Hijacking : tromper l’utilisateur pour qu’il « aime » un contenu à son insu sur les réseaux sociaux.
  • Form Hijacking : remplacement d’un formulaire légitime par un faux pour intercepter des informations sensibles.

8. Cloud Hijacking (détournement de services cloud)

L’attaquant compromet un compte cloud pour voler des données ou manipuler les services.

  • Credential Hijacking : exploitation de fuites d’identifiants pour infiltrer un environnement cloud.
  • Container Hijacking : injection de charges malveillantes dans un conteneur d’application cloud (ex. Docker, Kubernetes).
  • Token Hijacking : vol de jetons d’authentification pour s’approprier une session cloud active.
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9. Vehicle Hijacking (détournement de véhicules connectés)

Exploitation des failles des systèmes embarqués pour s’approprier un véhicule ou en manipuler les fonctionnalités.

  • Remote Car Hijacking : prise de contrôle à distance des commandes électroniques via une vulnérabilité logicielle.
  • Keyless Hijacking : capture et duplication des signaux d’une clé sans contact pour déverrouiller et démarrer un véhicule.

10. Account Hijacking (détournement de comptes en ligne)

L’assaillant compromet un compte numérique en exploitant des failles d’authentification ou en contournant les mesures de sécurité.

  • Session Hijacking : vol des identifiants de session pour usurper l’identité d’un utilisateur connecté.
  • Credential Stuffing Hijacking : utilisation d’identifiants volés sur un service pour tenter d’accéder à d’autres comptes associés.
  • Password Spraying Hijacking : essai de mots de passe courants sur plusieurs comptes pour maximiser les chances d’intrusion.

Chaque type de hijacking exploite des faiblesses spécifiques, combinant des techniques avancées pour contourner les protections en place. Face à ces menaces, l’adoption de protocoles de sécurité robustes, d’un gestionnaire de mots de passe, d’une authentification forte et d’une surveillance proactive s’impose comme une nécessité absolue.

Quelles sont les conséquences du hijacking ? 

Le détournement de session génère des répercussions majeures, affectant aussi bien les particuliers que les entreprises. Lorsqu’un individu voit son accès usurpé, ses données personnelles se retrouvent compromises, facilitant l’usurpation d’identité et exposant ses comptes bancaires, ses services numériques et ses communications privées à des usages frauduleux. Outre les pertes financières, ces intrusions peuvent aboutir à l’installation de logiciels malveillants ou à l’exploitation de ses informations pour orchestrer d’autres attaques ciblées.

Pour les entreprises, l’impact se traduit par des détournements de données sensibles, une atteinte à l’intégrité des systèmes et une vulnérabilité accrue aux cybermenaces sophistiquées. L’exploitation illégitime de sessions actives favorise l’exfiltration d’informations confidentielles, le sabotage des infrastructures et la diffusion d’opérations malveillantes à grande échelle.

La compromission d’un réseau interne peut également enfreindre les réglementations en matière de protection des données, exposant l’organisation à des sanctions légales et à des pertes financières conséquentes. En parallèle, la réputation de l’entreprise subit une érosion rapide lorsque des fuites d’informations ou des incidents de sécurité deviennent publics, générant une méfiance généralisée chez les clients et partenaires.

Face à ces menaces, le renforcement des protocoles de sécurisation des sessions, l’adoption de mécanismes d’authentification avancés et la surveillance proactive des activités suspectes s’imposent comme des impératifs stratégiques pour limiter l’exposition aux attaques et préserver l’intégrité des écosystèmes numériques.

Comment se protéger des attaques de hijacking ? 

Le hijacking de session représente une menace majeure pour la sécurité des systèmes informatiques et des utilisateurs. Pour s’en prémunir efficacement, il est essentiel de combiner des mesures techniques robustes, des bonnes pratiques pour les utilisateurs et des solutions dédiées aux entreprises.

Mesures techniques et outils spécialisés

1. Chiffrement des communications

L’utilisation systématique du protocole HTTPS avec TLS garantit la confidentialité des échanges entre le client et le serveur, empêchant ainsi l’interception et l’altération des données par des attaquants.

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2. Authentification forte

L’activation de l’authentification à deux facteurs (2FA) ou multifactorielle (MFA) ajoute une couche de sécurité essentielle en exigeant une preuve supplémentaire d’identité, réduisant ainsi le risque de détournement de compte via des identifiants compromis.

3. Gestion sécurisée des sessions

  • Régénération des identifiants de session après chaque authentification.
  • Expiration automatique des sessions après une période d’inactivité.
  • Utilisation de cookies sécurisés (HttpOnly, Secure, SameSite) pour empêcher leur interception via des attaques MITM (Man-in-the-Middle) ou XSS (Cross-Site Scripting).

4. Pare-feu d’applications web (WAF)

Un WAF filtre et surveille le trafic HTTP/HTTPS en bloquant les attaques visant à détourner des sessions, notamment les attaques XSS, CSRF et injections SQL, qui peuvent être utilisées pour voler des identifiants ou exécuter du code malveillant.

Bonnes pratiques pour les utilisateurs

  • Utilisation de gestionnaires de mots de passe sécurisés : l’utilisation d’un gestionnaire de mots de passe permet de créer et stocker des identifiants uniques et complexes, minimisant ainsi les risques liés aux mots de passe faibles ou réutilisés, souvent exploités dans les attaques de credential stuffing. Pour renforcer encore davantage la sécurité, il est recommandé d’utiliser un générateur de mots de passe avancé, capable de produire des combinaisons robustes et difficiles à deviner.
  • Mises à jour régulières : maintenir à jour les systèmes d’exploitation, navigateurs et applications est crucial pour corriger les vulnérabilités exploitées par les attaquants pour compromettre des sessions.
  • Vigilance face aux liens et pièces jointes : éviter de cliquer sur des liens suspects ou d’ouvrir des pièces jointes provenant de sources non fiables, car elles peuvent contenir des logiciels malveillants conçus pour voler des sessions actives ou compromettre les identifiants.

Solutions dédiées aux entreprises

  • Formation continue des employés : sensibiliser régulièrement le personnel aux menaces actuelles et aux bonnes pratiques de cybersécurité permet de réduire les risques liés aux erreurs humaines et aux attaques d’ingénierie sociale.
  • Tests d’intrusion réguliers : effectuer des audits de sécurité et des tests d’intrusion (pentests) permet d’identifier et de corriger les vulnérabilités exploitées par les cybercriminels pour détourner des sessions.
  • Surveillance active des réseaux : mettre en place des systèmes de détection et de prévention des intrusions (IDS/IPS) assure une surveillance continue des activités réseau, permettant d’identifier et de réagir rapidement en cas de comportement suspect ou d’attaque en cours.

Dans cette optique, U-Cyber 360° offre une approche complète pour aider les entreprises à se prémunir contre le hijacking et autres cybermenaces. Grâce à des outils avancés de détection, de surveillance et de protection, cette solution permet aux organisations de sécuriser leurs données et leurs infrastructures face aux attaques en constante évolution.

  • Détection des tentatives de détournement de session en temps réel
  • Blocage automatique des menaces identifiées
  • Analyse continue des vulnérabilités

En combinant technologie, prévention et formation, U-Cyber 360° assure une défense proactive contre le hijacking, garantissant ainsi une cybersécurité renforcée pour les entreprises et leurs utilisateurs.

Avec ces mesures adaptées, il est possible de réduire considérablement les risques liés au hijacking et d’assurer une protection optimale des sessions et des données sensibles.

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