La Data Loss Prevention, ou DLP, est devenue une priorité dans un monde où les informations numériques se développent à grandes vitesses et où de plus en plus de cyberattaques se produisent. Les solutions DLP visent précisément à empêcher les fuites de données, qu’elles soient intentionnelles ou accidentelles, en surveillant en permanence le flux d’informations sensibles et en respectant la conformité des données. Mais comment fonctionnent réellement ces systèmes de prévention, et pourquoi sont-ils importants pour les entreprises modernes ? Explorez avec nous les enjeux, les fonctionnalités et les meilleures pratiques pour une stratégie DLP réussie.

Quels sont les risques liés à la perte de données ?

Les entreprises traitent plus de données que jamais, avec un marché d’une valeur de 99,31 milliards de dollars en 2023 et qui pourrait atteindre 221,58 milliards de dollars d’ici à 2030. (Grand View Research). Cette expansion est propulsée par l’adoption du Cloud, des Big Data et de l’IoT. 

Le Global Data Protection Index 2024 indique que 92 % des entreprises voient leurs données comme un actif stratégique, et 75 % reconnaissent leur valeur économique tangible. Pourtant, 65 % doutent de pouvoir restaurer leurs systèmes en cas de crise, et 75 % jugent leurs protections actuelles insuffisantes pour l’avenir. Ce paradoxe est d’autant plus frappant que le Cost of a Data Breach 2023 d’IBM estime une fuite de données à 4,45 millions de dollars en moyenne, et l‘Identity Theft Resource Center signale une hausse de 72 % des violations de données avec 3 205 cas en 2023.

L’impact d’une perte de données ne se limite pas aux finances : l’image de marque de l’entreprise en souffre également. Une mauvaise gestion des données peut inciter les clients à se tourner vers des concurrents jugés plus sûrs. À long terme, cette fuite de clientèle pèse lourdement sur le chiffre d’affaires.

Causes fréquentes de perte de données

Les raisons des pertes de données sont diverses et incluent :

  • Erreurs humaines : suppressions accidentelles, écrasement de sauvegardes ou erreurs de saisie
  • Accidents matériels : sinistres (inondations, incendies), obsolescence et pannes
  • Cyberattaques : la France a été classée en 2022 parmi les pays les plus touchés par les cyberattaques, avec des techniques comme le ransomware qui chiffrent les données et exigent une rançon

Ces défis montrent que seules des mesures de protection contre la perte de données avancées, comme une solution DLP, peuvent minimiser les conséquences désastreuses de ces pertes de données.

Quels types de données doivent être protégés ?

Pour prévenir les fuites, il est essentiel d’identifier les informations sensibles nécessitant une protection renforcée. Trois types de données sont souvent ciblés par les hackers :

  1. Données personnelles et clients : elles incluent les informations sensibles des clients, comme les numéros de Sécurité sociale, adresses, ou détails bancaires. Leur protection est non seulement stratégique, mais aussi une obligation légale sous la réglementation GDPR et la conformité HIPAA. Des méthodes d’obscurcissement et tokenisation peuvent renforcer leur sécurité.
  2. Propriété intellectuelle et secrets commerciaux : pour une entreprise, protéger ses secrets industriels, ses brevets et ses projets internes sont vitaux pour rester compétitive.
  3. Données financières et ressources internes : les informations financières (rapports de gestion, prévisions budgétaires) et les données relatives aux employés (contrats, fiches de paie) sont également sensibles. Leur compromission peut nuire à l’entreprise et exposer celle-ci à des sanctions juridiques et fiscales.
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Avec la classification et la surveillance des données, les entreprises peuvent s’assurer que chaque catégorie reçoit la protection adéquate pour éviter tout risque interne, exposition non intentionnelle ou menace de malware et de phishing.

Comment fonctionne une solution DLP ?

Une solution de Data Loss Prevention agit comme un bouclier en identifiant, sécurisant les informations sensibles avant qu’elles ne quittent le réseau, et en utilisant la détection des anomalies pour repérer toute activité inhabituelle. Elle repose sur plusieurs fonctionnalités pour garantir cette protection :

Surveillance et analyse des données sensibles

La DLP surveille en permanence les données circulant sur le réseau, en analysant leur contenu pour détecter toute information sensible (ex : mots-clés, modèles de numéros de carte de crédit). Cette analyse comportementale permet d’identifier les fichiers contenant des données critiques et de suivre leurs déplacements.

Mise en place de politiques de sécurité pour la protection des données

La création de politiques de sécurité spécifiques est essentielle dans une solution DLP. Ces politiques, configurées selon le type de données et les utilisateurs, déterminent quels types d’informations peuvent être partagés, modifiés ou exportés pour limiter les risques d’exposition.

Intervention et blocage automatique des violations potentielles

En cas de détection d’une action non conforme (ex : tentative de transfert de fichiers sensibles), le système DLP peut automatiquement bloquer cette action pour empêcher la fuite. L’automatisation de la DLP permet d’identifier et de bloquer les menaces sans intervention humaine, optimisant la réactivité.

Alertes en temps réel et actions correctives

Enfin, la DLP envoie des alertes en temps réel aux équipes de sécurité pour signaler toute activité suspecte et leur permettre d’intervenir rapidement. Ces notifications incluent des détails sur la tentative de fuite et l’utilisateur concerné, facilitant ainsi les actions correctives et la prévention future.

Quels sont les différents types de solutions DLP ?

La Data Loss Prevention se décline en plusieurs approches pour répondre aux différents besoins de sécurité selon la nature des données, l’étendue de couverture, l’approche technique et le mode de déploiement.

DLP selon le type de données protégées

DLP pour les données en mouvement : cette solution surveille et contrôle les données transitant sur le réseau, comme les emails et le trafic web, pour bloquer les envois non sécurisés. Par exemple, une entreprise peut empêcher l’envoi de fichiers confidentiels via un service de messagerie personnelle.

DLP pour les données au repos : destinée aux données stockées sur les serveurs ou bases de données, cette solution analyse les contenus sensibles, comme les dossiers RH ou les informations clients, pour prévenir les accès non autorisés.

DLP pour les données en cours d’utilisation : ici, le système surveille les actions des utilisateurs sur les postes de travail : transferts vers des clés USB, impressions de documents sensibles, ou copier-coller. Par exemple, un employé ne pourra pas transférer des informations de l’entreprise vers un disque dur externe sans autorisation.

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DLP selon la couverture

DLP d’entreprise (EDLP) : cette solution couvre l’ensemble de l’infrastructure, des serveurs aux périphériques, pour une protection complète contre les fuites de données. Elle convient aux grandes entreprises souhaitant une surveillance unifiée.

DLP intégré (IDLP) : moins étendu, il se concentre sur des protocoles spécifiques, comme le chiffrement des emails ou la sécurité web. Par exemple, une entreprise choisissant un DLP intégré pourrait se concentrer uniquement sur la protection des échanges d’emails.

DLP selon l’approche

DLP traditionnelle : ces solutions couvrent les réseaux, le cloud et les terminaux. Elles sont idéales pour des infrastructures complexes nécessitant une protection sur plusieurs fronts.

DLP par agent (ADLP) : des agents logiciels installés au niveau du noyau des endpoints permettent une surveillance approfondie des activités des utilisateurs et du système. Par exemple, le contrôle des fichiers ouverts et transférés entre services sensibles est assuré au niveau de chaque terminal.

DLP selon le mode de déploiement

DLP sur site : déployée directement dans l’infrastructure de l’entreprise, cette solution convient aux organisations qui privilégient le contrôle total de leurs données.

DLP cloud : aussi appelée DLP as a Service (DLPaaS), cette solution gérée dans le cloud s’adresse aux entreprises qui utilisent largement les applications SaaS.

DLP hybride : combinant des composants sur site et dans le cloud, la DLP hybride offre flexibilité et couverture étendue. Par exemple, une entreprise internationale pourrait protéger ses centres de données locaux tout en surveillant ses applications cloud.

Quelles sont les meilleures pratiques pour une stratégie DLP efficace ?

Mettre en place une stratégie DLP efficace exige une approche méthodique, intégrant une solide stratégie de gouvernance des données pour assurer leur sécurité tout en sensibilisant les collaborateurs. Voici les meilleures pratiques pour optimiser l’efficacité d’une solution DLP :

Sensibilisation des employés à la protection des données

Les erreurs humaines sont parmi les principales causes de perte de données. Sensibiliser les équipes aux politiques de sécurité et aux bonnes pratiques (ex. : éviter le transfert d’informations sensibles via des canaux non sécurisés) est donc essentiel. La formation en cybersécurité régulière aide à intégrer une culture de protection des données dans l’entreprise. Collaborer avec une agence de protection des données peut renforcer la conformité et l’efficacité de la DLP, en fournissant des conseils de sécurité spécialisés.

Intégration du DLP avec d’autres outils de sécurité

Pour une protection complète, une solution DLP doit s’intégrer harmonieusement avec d’autres dispositifs de sécurité, comme les firewalls, gestionnaire de mot de passe, les systèmes d’authentification et les solutions de gestion des identités. Par exemple, l’intégration avec un SIEM (Security Information and Event Management) permet de centraliser les alertes de sécurité et d’optimiser la réponse aux incidents.

Surveillance continue et ajustement des politiques

Il est recommandé de mettre en place une surveillance continue pour détecter les nouvelles vulnérabilités et d’ajuster régulièrement les politiques de sécurité en fonction des comportements des utilisateurs et des nouvelles menaces. Un audit de conformité régulier garantit que les politiques DLP répondent aux normes réglementaires.

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Comment une solution DLP protège-t-elle les données dans le cloud ?

Les solutions DLP adaptées au cloud permettent aux entreprises de surveiller et de sécuriser leurs données au sein des environnements cloud, où elles sont souvent les plus vulnérables. Ces solutions intègrent des fonctionnalités de détection et de surveillance en temps réel pour contrôler les transferts de données entre les applications SaaS (Software as a Service), les espaces de stockage et les autres services cloud.

Grâce à des politiques de sécurité personnalisées, une DLP dans le cloud peut empêcher le partage non autorisé d’informations sensibles en interceptant les transferts douteux et en appliquant des contrôles stricts. Par exemple, une entreprise peut définir des règles interdisant l’envoi de fichiers sensibles via des outils de messagerie non approuvés comme les emails personnels ou des plateformes de partage.

Cette approche de sécurité cloud est cruciale à mesure que les entreprises adoptent des solutions SaaS pour leurs opérations. En identifiant les comportements suspects et en appliquant des restrictions de transfert de données, une DLP pour le cloud garantit que les informations critiques restent protégées, même dans des environnements dématérialisés.

Quelle est la différence entre DLP et CASB ?

Bien que les solutions DLP (Data Loss Prevention) et CASB (Cloud Access Security Broker) aient des objectifs communs de sécurité des données, leurs approches diffèrent.

Une solution DLP se concentre sur la protection des données sensibles à travers tous les points d’accès, que ce soit sur le réseau, les appareils ou le cloud. Elle surveille, contrôle et empêche les fuites de données, en particulier celles dues aux erreurs humaines ou aux cyberattaques.

Le CASB, quant à lui, est une passerelle de sécurité spécifiquement orientée vers les services cloud, intégrant des fonctionnalités de DLP mais aussi des contrôles d’accès, de gestion des identités et des analyses des menaces. En effet, une solution CASB contrôle les connexions entre les utilisateurs et les applications cloud, empêchant ainsi les accès non autorisés et surveillant les activités dans le cloud. Par exemple, une entreprise utilisant une solution CASB peut détecter les tentatives d’accès anormales à des fichiers sensibles sur une application SaaS (comme Google Workspace ou Microsoft 365).

Ainsi, DLP et CASB se complètent : le DLP sécurise les données à travers tout l’écosystème, tandis que le CASB se concentre sur les accès sécurisés dans le cloud.

Combien coûte la mise en place d’une solution DLP pour une entreprise ?

Le coût d’une solution DLP varie en fonction de plusieurs facteurs : la taille de l’entreprise, la complexité de l’infrastructure, et le type de solution choisi (sur site, cloud ou hybride). En général, les solutions DLP sur site requièrent un investissement initial plus élevé pour les licences, le matériel et la maintenance, tandis qu’une solution cloud en DLPaaS (DLP as a Service) peut être facturée sur abonnement mensuel, rendant les coûts plus flexibles.

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